(article paru dans Midi Libre du 24 avril 2011)
Un Erik Satie tout en blanc et rondeur
La délicieuse journée d'une femme a été présentée au Télémac.
 |
Jeanne-Nora Bennouar dans une ode à la féminité. Photo SAMUEL DUPLAIX |
Blanc le drap, blanche la jambe galbée qui en émerge dans le matin blanc.
Blancs la spirale qui descend du plafond et les confettis en pluie joyeuse, sur la danseuse aux bras levés blancs.
Blanches la théière et la meringue dégustée amoureusement,
et la crème répandue sur le sol en spirale,
et la robe légère, et le ballon d’enfant.
Ainsi, la plasticienne Jutta Jahn a imaginé le spectacle
Blanc comme une toile naissante sous les touches d’un pinceau plongé dans une unique couleur pure.
En hommage au compositeur Erik Satie, qui, pendant un moment, ne voulait que cette teinte dans sa vie, pour ses vêtements, son environnement et même ses aliments.
Sur les notes légères de
Gnossiennes et
Gymnopédies, égrenées par la pianiste Isabelle Dubois,
se déroule la journée d’une femme dans ses gestes les plus anodins.
Tout en sensualité et en grâce, Jeanne-Nora Bennouar est celle-là, image feminine dans sa plus belle essence: douce et forte, intense et absente, jeune et sage,
irradiante.
D’un bout à l’autre de l’espace du plateau du Télémac théâtre, elle danse le jour qui passe en petites fêtes et instants poétiques.
Corps indolent et puissant, l’interprète de cette performance signe là sa première chorégraphie. Toute fraîche.
Ainsi, loin de toute rigueur conceptuelle, unies par le simple plaisir de faire ensemble, trois femmes signent une ode charmante à la féminité et à Erik Satie.
Une pluie de sucre sur un nuage de lait.
MURIEL PLANTIER